Ayant décidé de revenir au manoir familial pour faire le point, je passais la tête par la fenêtre de ma chambre qui se trouvait à l'étage. Le plus souvent, c'était Damon qui habitait notre demeure, mais finalement, je trouverais surement le calme nécessaire pour me reposer l'esprit. Ce soir, j'attendais Léo Blackwell, une jeune hybride de 19 ans dont j'avais entendu parler pour être une ennemie de Klaus. Or, je l'avais fait convoquer ce soir, vers minuit, au manoir. Ne sachant pas tellement si elle viendrait, je me disais aussi qu'elle n'aurait aucune raison valable pour refuser, après tout, elle aussi souhaitait la mort de cet originel. M'allongeant calmement sur mon lit, je parvenais à visualiser de manière très convaincante les différents événements qui pouvaient me revenir en tête. Tout d'abord, je me souvenais de cette fois où j'avais dû me contraindre à servir Klaus, en échange de son sang pour sauver Damon d'une morsure de loup-garou. Ce service avait été totalement contraire à mes principes. En effet, j'avais dû me trahir personnellement en redevenant le monstre que j'avais été autrefois, j'avais fait de nouvelles victimes, très nombreuses d'ailleurs, perdant peu à peu l'humanité qui m'habitait toujours. Puis, il y avait eu ce rapprochement entre Elena et Damon, ce que je n'avais pas supporté. Maintenant que j'y pensais, je ressentais encore la puissance que j'avais accumulé en servant Klaus tout en tuant. En tout cas, même si j'avais de nouveau renoncé au sang humain, je savais qu'il faudrait en boire un peu, chaque jour, pour être à même de me protéger moi-même. Puis, il y avait aussi Elena, celle que j'aimais depuis toujours. 'Toujours', parce qu'elle me faisait tant penser à Katherine, pourtant, elle était son opposé, autant qu'elle pouvait lui ressembler. Revenant au moment présent, je me souvenais aussi que Klaus avait aussi été un frère pour moi, lorsque j'avais eu une idylle avec sa sœur, Rebekah, mais que sa trahison était bien trop importante à mes yeux pour ne rien faire. L'antique horloge de la grande salle à manger sonnait les douze coups de minuit, il était temps pour moi de descendre. En prenant l'escalier, je me calmais, arrachant mon esprit de ces visions que j'avais eu tout à l'heure, sentant alors une odeur qui ne m'était pas familière, je savais que Léo venait d'arriver, surement en train d'attendre devant la porte. Inspirant une dernière fois, je posais la main sur la poignée de la porte, ouvrant calmement. Dévisageant tout d'abord la jeune femme, je me rendais compte qu'elle faisait plus âgée que moi, physiquement du moins. J'avais subi ma métamorphose à l'âge de dix-sept ans, j'en avais aujourd'hui cent soixante-deux. Esquissant cette fois un sourire grave, je prenais la parole.

“ Léo Blackwell ? Enchanté, Stefan Salvatore. ” dis-je d'une voix neutre.

'Zuccone' pensais-je. J'avais pris la peine de me présenter, comme si quelqu'un, ici à Mystic Falls ne me connaissait pas, ça pouvait d'ailleurs paraître absurde, mais j'étais attaché à ce genre de formalités, mais finalement, n'était-ce pas tout simplement idiot de ma part ? Telle était la traduction de ce terme italien que j'avais utilisé.. Même si je restais un gentleman, je n'avais pas pour autant le cœur à me montrer chaleureux. Après tout, nous étions là pour parler de choses sérieuses. D'ailleurs, nous devrons effectuer une sorte de pacte pour sceller notre allégeance à chacun. Je savais que la confiance serait la base de notre relation, mais aussi, je souhaitais une protection mutuelle, après tout, si je subissais une morsure de lycanthrope, elle serait là pour m'aider, contrairement à Klaus, qui refuserait surement, et de tout sens, je ne serais pas pour aller lui rendre une petite visite amicale. Je laissait entrer la jeune femme, refermant la porte une fois qu'elle fut entrée dans le manoir. Je n'allais pas faire dans les formalités, je préférais commencer par la tutoyer histoire de poser un lien plus proche, le vouvoiement ne servirait qu'à nous éloigner, autant être proches contre une telle menace, que je ne sous estimais pas, loin de là. Je l'invitais d'un geste de la main à prendre place dans un des vieux fauteuils de cuir noir, prenant deux verres dans la main.

“ Tu souhaites boire quelque chose ? ” demandais-je sur un ton plus sympathique que tout à l'heure.

Étant donné que je la recevais pour parler affaire, autant que cela soit fait dans les règles de l'art. Attendant sa réponse, je me servais un verre de whisky, pour ensuite prendre à mon tour place dans un fauteuil, juste en face d'elle. A ce moment-là, je me demandais déjà ce qu'elle pouvait penser de moi, puis si mon accueil n'avait pas été trop brutal, même si j'étais resté impassible jusqu'à maintenant. Affichant un sourire, je lui tendais son verre, avant de reprendre la parole.

“ A notre réussite alors ... ” dis-je d'une voix qui se voulait plus rassurante que convaincue.