Comme souvent, Eros se leva à la mi-journée lorsqu’il n’avait rien à faire. Du moins c’est ce qu’il pensait car en réalité il avait un rendez-vous au Mystic Grill avec son supérieur et il l’avait oublié. Son téléphone le rappela à l’ordre. C’était donc dans une précipitation incroyable qu’il se prépara et se rendit au lieu du rendez-vous. Par chance, il arriva pile à l’heure. Il obtient de nouveaux horaires, ce qui le mit de très bonne humeur car ces dernières étaient moins soutenues et moins tardives que celles qu’il avait obtenues précédemment. Il sentait d’ailleurs une certaine amertume de la part de quelques collègues car ils avaient récupéré son ancien emploi du temps. Etrangement il ne se sentait en aucun cas gêné car à vrai dire tout cela ne relevait en aucun cas de son ressort.

Remerciant son supérieur, il sortit du bar et se mit à parcourir les rues de Mystic Falls comme si c’était la première fois qu’il les découvrait. Le temps était plutôt bon, si bien qu’il enleva son gilet pour le prendre au bras. Comme à son habitude il sentit des regards se poser sur lui. Il ne chercha pas à connaitre les propriétaires sachant pertinemment qu’il s’agissait de femmes le trouvant particulièrement attirant. Eros a toujours su qu’il plaisait, néanmoins rares étaient les fois où il avait profité de son charme naturel. A vrai dire il n’avait jamais accepté l’idée d’obtenir des faveurs simplement parce qu’on pouvait être séduisant. Cela était tellement injuste. Il continua sa route en affichant simplement un sourire car tout de même flatté.

Sans vraiment s’en rendre compte, ses pas le guidèrent à l’hôpital. Cela devait surement être dû à l’habitude de s’y rendre. Faye. Sa meilleure amie passait le plus clair de son temps dans cet endroit à aider des enfants. Pour la plupart, la mort les guettait. Le jeune homme a toujours admiré le dévouement de son amie à leur égard, cette détermination dont elle faisait preuve. Même si elle refoulait ses sentiments afin de se montrer forte, il savait parfaitement qu’elle avait besoin d’une épaule sur laquelle se reposer. Aussi, dès qu’il le pouvait, il lui apportait son soutient. D’ailleurs il avait obtenu un pass spécial tant les visites qu’il lui rendait étaient nombreuses. Il s’empressa alors de la chercher dans son service quand il vit au bout d’un couloir une chevelure brune. Faisant le moins de bruit possible, il se glissa derrière elle et déposa ses mains sur ses yeux « Alors ? Qui c’est » Complètement enfantin et pathétique mais Eros était parfois ainsi.

Eros avait bien remarqué la présence de Jake mais elle lui importait très peu. Il avait, avec le temps, appris à se contrôler et à l’ignorer lorsqu’ils étaient non loin l’un de l’autre. S’il s’était légèrement calmé c’était tout simplement pour Faye. Sa Faye. Un sourire aux nuances mesquines s’afficha sur les lèvres d’Eros quand Jake s’en alla. Il était ravi de voir que sa présence l’indisposait. C’était donc plus attendre qu’il se dirigea vers sa meilleure. « Salut mon héros adoré. Comment tu vas? Oh mais en fait dis moi, je ne savais pas que t'avais rajeuni. C'est fou ça. Comment tu as fait? Une potion de gamineries extrêmes? » « C’est exactement ça ! D’ailleurs c’est mon très cher pharmacien qui me l’a recommandée. » Eros laissa échapper un rire franc avant de reprendre. « Plus sérieusement. Je vais très bien mais à te voir toi, j’ai l’impression que quelque chose cloche… Qu’est ce qui s’est passé ? » Tout en parlant, le jeune homme ne lâcha pas les mains de Faye.

Ayant remarqué deux sièges vides non loin d’eux, Eros fit en sorte d’y emmener son amie. Il attendit qu’elle s’asseye pour faire de même. « Tu sais que tu peux tout me dire. Mais je préfère te prévenir: si Jake a avoir quelque chose là-dedans, je pense que j’irai lui redresser le portrait.» En prononçant ces quelques paroles, le jeune étudiant avait complètement oublié qu’il ne faisait en aucun cas le poids face au blond. Après tout c’était un vampire alors que lui n’était qu’un pauvre humain. Pitoyable. Lorsqu’il se mettait à y penser, Eros se sentait énormément impuissant, faible. Cette situation était tellement injuste. Même si dans un premier temps, il n’avait pas pensé à cette inégalité, tout lui revint en tête. « Tu dois te dire que ce sont des paroles complètement idiotes. C’est vraiment horrible de voir que je ne peux rien contre lui. » Eros afficha un sourire timide.

Le jeune homme n’avait pas peur de confier ses faiblesses. Le jeune humain était sensible. C’était d’ailleurs ce qui faisait en partie son charme. Il ne cherchait pas à jouer un rôle en se montrant fort et n’ayant peur de rien. Néanmoins, il n’était pas non plus un froussard. Loin de là. Eros savait se faire respecter et se montrer intimidant quand il le fallait. S’il se dévoilait ainsi face à Faye, c’était qu’il savait qu’elle ne le jugerait pas. Pas elle. Pour certains, elle pourrait paraitre hautaine, sans cœur tant elle montrait un fort caractère. Pourtant, elle était bien loin d’être ainsi lorsqu’on avait appris à la connaitre. D’ailleurs, Eros se sentait comme privilégié de compter parmi ses amis. Son meilleur ami qui plus est. Plongeant un regard encourageant dans le sien, Eros éleva la voix. « Bref, oublie tout ça et dis moi tout. »

Lorsque Faye commença à parler, Eros chassa toutes ses pensées avant de se concentrer pleinement sur les paroles de son amie. Lorsqu’il eut connaissance de la raison pour laquelle sa meilleure amie était maussade, le jeune homme resta stoïque. Il était incapable de faire le moindre mouvement ou de dire le moindre mot. Seul son cœur réussit à bouger pour se serrer après que le prénom d’Eléanore fut prononcé. Quand enfin il assimila les dires de la jeune hybride, Eros lâcha ses mains et se prit la tête entre les siennes après avoir posé ses coudes sur ses cuisses. Il garda cette position quelques instants avant de se redresser et de passer ses mains dans ses cheveux. Il s’appuya ensuite contre le dossier de sa chaise, le regard posé sur un mur sans grande importance. Contre toute attente, il se mit à rire. Mais ce fut loin d’être un rire joyeux ou autre. Non, celui-ci était empli de nervosité et d’amertume. Puis il se calma et reprit son sérieux. Il haussa le ton, qu’il aurait voulu calme et posé. Malheureusement celui-ci était proche de l’agacement. « Même à l’hôpital, alors qu’il est censé se consacrer pleinement aux enfants, il arrive à embêter le monde. Il ne perd vraiment rien pour attendre celui-là. »

Reportant son attention sur Faye, il lui adressa un sourire réconfortant. Même s’il n’appréciait guère l’attitude de sa meilleure amie envers Eléanore, il ne pouvait lui en vouloir. Après tout il avait la même envers Jake. Maudite Jalousie. C’est pourquoi, il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Il sentait bien qu’elle en avait assez, tout comme lui, de cette histoire. Quand il l’a sentie aussi proche lui, son cœur s’emballa quelque peu sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi. Calmement il caressa ses cheveux et profita entièrement de l’instant. Après un moment, il se détacha d’elle et lui prit à nouveau ses mains. « Ne t’en fais pas ma petite Faye. La situation est loin d’être facile et cela prendra longtemps avant de résoudre nos différents… Mais on y arrivera et alors ce sera de l’histoire ancienne. » Eros avait préféré la réconforter plutôt que d’incendier encore plus Jake, sinon il en aurait eu pour son grade. Cependant, il n’aimait pas entendre Faye dire du mal d’Eléonore, alors il pensait que ce serait la même chose pour elle concernant Jake.

La situation était en effet des plus difficiles. Les sentiments étaient confus et chamboulés. Y-avait-il réellement une solution ? Le jeune homme voulait alors changer le thème de conversation, non pas qu’il était lâche et ne voulait pas affronter la vérité, mais parce que l’endroit n’était pas des plus appropriés. « Je suppose que prise comme tu l’as été tu n’as pas encore mangé n’est ce pas ? Pourquoi pas le faire ensemble. On parlerait de choses moins pénibles et en plus tu pourrais t’évader de cet endroit où l’ambiance n’est pas non plus très joyeuse. Je t’invite. » Eros voulait partager un moment complice avec sa meilleure amie mais entre l’hopital pour elle et lui son travail de serveur sans compter leurs études respectives, ils avaient quelque peu délaissé ces moments. Il pensait que c’était la bonne occasion. Afin de l’encourager en plus à accepter, le jeune humain lui adressa un franc sourire.