Combien de fois Lisaveta aurait aimé retourner dans le passé ? Même si son père veillait un peu trop sur elle, quitte à l’étouffer et à faire d’elle sa prisonnière, elle connaissait au moins un sentiment proche de celui que l’on ressent lorsqu’on est en sécurité. Celui qui fait que peu importe le danger, rien ne nous arrivera car quelqu’un prend soin de nous. A présent qu’elle est seule, les choses sont bien plus difficiles. Aucune épaule sur laquelle se reposer, aucune parole pouvant lui apporter des conseils, aucune présence qui à elle seule suffirait à la mettre en confiance. Rien. Elle ne savait pas réellement pourquoi est ce qu’elle continuait à vivre dans cette ville. Après tout, elle n’avait aucune attache. Serait-elle masochiste ? En réalité, c’est parce qu’elle connaissait des personnes comme elle : des personnes du surnaturel et notamment des loups garous. Ainsi, elle savait que d’autres partageaient les mêmes souffrances qu’elle, que d’autres voyaient le monde comme elle et alors, elle se sentait moins seule.

Afin de se changer les idées, la jeune femme décida de se rendre dans un endroit qu’elle n’avait pas l’habitude de fréquenter : le port. Depuis son arrivée à Mystic Falls, c’était surement le dernier endroit où l’on pouvait la trouver. Pourtant, ce jour là, elle avait envie de s’y rendre. Peut-être parce qu’elle ressentait comme un pressentiment qui lui dictait de le faire. C’était donc vêtue d’un short surmonté d’un débardeur qu’elle se rendit à l’endroit où les bateaux se reposer. Une fois arrivée, elle entreprit de le visiter de fond en comble. Ainsi, elle arriva rapidement au lieu où l’on entreposait les cargaisons. Son regard se déposa subitement sur une silhouette peut être pas familière mais qu’elle connaissait. Edison. Inutile de préciser qu’un sourire légèrement timide prit possession des lèvres de la demoiselle. Sans perdre un instant, elle se dirigea vers le jeune homme.

Sans vraiment l’avertir de son arrivée, Lisaveta bondit légèrement devant lui. « Quelle agréable surprise ! Comment vas-tu ? Ah et avant que tu ne dises quoique se soit, je tiens à préciser que je ne te suivais pas. J’étais entrain de visiter le port quand je t’ai vu. » Si la jeune louve avait apporté cette précision, c’était parce que même si elle avait forcé la main du destin lors de leur précédentes rencontres, cette fois-ci il en était tout autrement. D’autre part, Lisaveta avait quelque peu ressenti un certain agacement de la part d’Edison puisqu’il s’était mis à l’éviter. Elle voulait alors éviter qu’il ne s’en aille, pensant que c’était encore un de ses tours. Depuis ce jour où l’avait aperçu au Mystic Grill, c’était comme si une force invisible l’obligeait à tout faire pour faire partie de sa vie. Enigmatique, elle avait relevé le défi de le connaitre. Par la même occasion, elle trouvait en cela un certain refuge. Une façon pour elle d’occuper ses pensées et oublier qu’en rentrant chez elle, la maison sera vide. Tournant la tête à gauche et à droite, la jeune demoiselle releva un sourcil « Tu es tout seul ? De toute façon peu importe, maintenant que je suis là avec toi, je ne vais pas te lâcher. » Annonça-t-elle franchement, le tout accompagné d’un rire cristallin et joyeux.

Lisaveta se rendait parfaitement compte que sa présence indisposait le jeune homme. Cependant ce n’était pas la première fois. Aussi, elle s’était habituée. Edison représentait pour elle un véritable défi. Occupée à essayer de le connaitre, elle échappait un peu à sa routine des plus malheureuses. A force, la jeune louve ressentait pour lui une sorte d’attachement mais un attachement différent de celui qu’on pouvait qualifier d’amoureux. Ainsi, contrairement à ce que pouvait croire le jeune homme, il n’y avait rien de plus qu’un désir de le connaitre et de devenir une sorte d’amie pour lui. La faible agitation du jeune loup lorsque celui-ci se décala pour lui laisser une place chassa les pensées de la petite brune. Elle haussa un sourcil, intriguée. Enfin. Sans réellement prendre d’élan, la jeune femme se hissa sur le rebord. Tout cela se fit sans réelle difficulté grâce à sa nature de louve. Cette dernière lui permettait d’être plus agile et d’atteindre des endroits qu’en temps normal elle n’aurait pu le faire.

Affichant un large sourire, elle ne s’imaginait pas les paroles qui allaient suivre. «Oui, je suis certain que ça a du être une grande surprise pour toi de me trouver là. Et une...agréable surprise. Tant mieux, au moins un de nous est heureux de notre rencontre. Qu'est-ce que tu me veux la stalker? » Inutile de précier que ces dernières la blessèrent. Pourtant, elle aurait du s’y attendre et donc si préparer mais non. Le fait qu’il la repousse ainsi lui faisait toujours aussi mal. Elle aurait voulu ne rien faire paraitre mais impossible. Son sourire s’effaça et pour éviter qu’il ne voie davantage de mal à l’aise sur son visage, elle détourna la tête. Elle profita de remettre une mèche derrière son oreille pour se ressaisir. Elle porta alors à nouveau son attention sur Edison. « Qu’est ce que je veux ? La même chose que d’habitude… Essayer de te connaitre même si tu n’en as pas envie. » En prononçant ces paroles, la jeune femme se reconnaissait que très peu. Elle qui en général ne se dévoilait pas si facilement voilà qu’elle faisait subir à quelqu’un d’autre ce qu’elle détestait qu’on lui fasse. Pourtant elle continua. « Je sais bien qu’un jour je parviendrai à le faire même si tu penses le contraire. Je connaitrais alors ton passé, tes pensées, tes envies. »

Lisaveta parlait franchement. A quoi bon tourner autour du pot. Cela était tellement niais. De plus, elle avait toujours appris à dire ce qu’elle avait sur le cœur. Enfin, à quelques exceptions près. « Commençons par exemple par savoir d’où tu viens, à moins que tu n’ais vécu toute vie ici à Mystic Falls. » A demander cela, la jeune femme hésita à répondre pour elle d’abord. Cependant, voyant là une occasion pour le mettre en confiance, elle le fit. « Pour ma part, je viens du Texas. Cependant j’ai des origines Russe et Française. » Elle fit part de ses origines sans savoir qu’elle en partageait une en commun avec Edison. Ils étaient tous les deux russes. Mais à la différence du jeune homme qui peut-être connaissait le pays, Lisaveta n’avait jamais foulé le sol. Elle ne savait pas si elle devait se lamenter ou non. Néanmoins, elle sentait que si son paternel ne l’y avait jamais emmené, c’était pour une bonne raison… « Ah et juste pour que les choses soient claires, je ne suis pas une stalker »

Lisaveta attendait que le jeune homme daigne dire quelque chose. Quand il éleva une nouvelle fois la voix, Lisaveta s'attendait à un repoussement de sa part, comme à son habitude. D'ailleurs il commença par reprendre le fait qu'elle était bien une stalker. La jeune Russe tourna des yeux se préparant pour ce qui allait suivre, mais plus le jeune homme parlait et plus elle appréciait ce qu'il disait. D'abord surprise, la jeune femme ne put s'empêcher de hausser un sourcil. Il lui indiquait enfin ses origines, chose qu'elle lui avait demandé plusieurs fois. Alors ainsi, il était russe, comme elle. Enfin, en partie étant donné le mélange. D'autre part, il fit un commentaire sur ce dernier. Lisaveta lui adressa un sourire car elle considérait celui-ci comme un compliment. Puis il s’interrompit un instant après avoir déclaré un Dis moi.... La jeune louve, intriguée, attendait la suite avec impatience. C'est alors qu'il lui proposa de s'assoir près de lui, le tout accompagné d'une petite pique. Si certains se seraient offusqués, Lisaveta resta souriante. De plus, son visage afficha un brin de malice. « Dis moi Edison, pourquoi cette soudaine proposition? En temps normal tu te serais levé et tu m'aurais dit que tu m'avais assez vu pour la journée. Avoue ! Une mouche t'a piqué n'est ce pas ? »

Contrairement à ce que pouvait croire le bel homme, Lisaveta n'avait aucune difficulté à monter sur les chargements. Sa nature lui permettait en effet, d'atteindre des endroits qu'elle n'aurait jamais pu atteindre si elle avait été encore une humaine. Néanmoins, comme pour rentrer dans le jeu du jeune homme, elle feignit ne pas parvenir à le faire. Puis, sentant un certain plaisir à la voir ainsi en difficulté, elle fit en sorte de se hisser le plus gracieusement possible afin de lui faire ravaler sa supériorité. Une fois installée près de lui, Lisaveta adopta un air charmeur et séducteur. D'une voix suave et mystérieuse, elle indiqua calmement « Alors, surpris? Mon petit Edison, il ne faut pas que tu oublies que je suis comme toi, un loup. » Puis elle laissa éclater un rire cristallin et enfantin..

Retrouvant son air de jeune fille joueuse et curieuse, elle porta son regard dans celui-ci d'Edison. Elle ne s'y était jamais réellement attardée. Elle ressentit alors une sensation aussi agréable que désagréable, comme un frisson. Une sensation qu'elle n'avait que très rarement éprouvé dans sa vie. Préférant ne pas la sentir davantage, elle détourna ses yeux pour les poser sur un vieux bateau. « La vue n'est pas si différente que celle d'en bas en fait. Tu m'as fait faire de l'exercice pour rien. » A entendre Lisaveta, on pourrait croire que les deux jeunes personnes se connaissaient depuis un certain temps alors que cela était loin de l'être. Elle lui parlait comme elle pourrait parler à un très bon ami. Cette situation ne la dérangeait pas, au moins elle faisait en sorte de fissurer la glace que tentait d'imposer Edison à chacune de leur rencontre. « Et dis moi, tu es déjà allé en Russie ?»